réflexions sur le mouvement des jeunes marocains du 20 février

 

Ce n’est pas tant l’ampleur ,somme toute réduite d’un tel mouvement qui attire l’attention , c’est son sens et les questionnent et les convulsions qu’il suscite au sein de la société marocaine .

Malgré les dérapages , malgré les revendications corporatistes , qui en sont nées par ricochet , le mouvement

du 20 février est aujourd’hui dans son essence la contestation par excellence , même si il s’épuise ,

il n’en sera pas moins le symbole , il n’en nourrira pas moins dans les temps à venir la flamme ;

Pourquoi ?

parce qu’elle a rompu avec la stérilité et les compromissions des acteurs politiques établis , parce qu’elle a brisé

le silence qui faisait loi au sein de la classe politique .

Parce qu’il a formulé , au meilleur de lui-même , le fond de la question des rapports au pouvoir , il  a

rompu avec le lien de servitude qui entrave depuis des siècles la volonté populaire .

il a ainsi déverrouillé un horizon assombri par la répression du pouvoir et la démission des élus de la nation .

C’est cette rupture dont il est le porteur et le symbole , qui en fait un mouvement ouvrant la voie à une

réelle espérance .

Pour mieux en saisir la portée , il convient de sortir de la médiocrité intellectuelle et historique des leaders

politiques en place , ceux-ci placés sous contrainte , en raison de leur âge , de la vétusté de leur appareils ,

de leurs intérêts de classe , et souvent d’intérêt personnels moins glorieux , ils sont prisonniers du court

terme .

Ces jeunes du 20 févier , n’ont pas réellement conscience du changement social dont ils sont l’expression et

qu’ils portent courageusement dans la rue .Leurs revendications les dépassent ,mais ils sont plus des

annonciateurs d’avenir , que des bricoleurs d’actualités .A travers eux , la société marocaine ose enfin

déclarer son aspiration franche à la modernité . elle ne supporte plus l’oppression , l’inégalité , l’injustice , le mensonge et les promesses de l’au-delà .

Elle exige de choisir elle-même ses représentants et ses gouverneurs .Cette société a mûri , elle veut

prendre son destin en main , ces jeunes en sont désormais la voix sans concession , contrairement aux

allégations de nombreux augures , ils se situent d’emblée sur le champs politique et s’ils font preuve

d’une impuissance avérée quand à donner naissance à une véritable formation politique , c’est parce que

le pouvoir s’est acharné à priver la jeunesse des moyens lui permettant de se démarquer des organisations

existantes acquises aux intérêts dominants .C’est parce qu’ils ont sapés les bases de l’éducation et de

la formation des jeunes , ils ont veillé à les appauvrir  intellectuellement et idéologiquement , c’est ce qui explique , que malgré sa pertinence , un tel mouvement ne produise que des balbutiements

qui ne sont intelligibles que perçues dans le long terme , ce qui n’entame en rien la nature profonde de

de sa révolte .

Ce mouvement a le mérite de crier dans la rue le refus radical de l’exploitation et d’en faire part

publiquement malgré l’étouffement systématique dont il font l’objet .

Le mouvement de 20 février , n’est qu’en apparence l’affaire d’une minorité qu’on tient à marginaliser ,

il est le porte -parole d’une société en mouvement ,l’expression des mutations sociales en cours , il n’est que

la partie immergé de l’iceberg .

 

Mohamed Ennaji et zine Bensrhir .